mardi 5 novembre 2013

Musics Of My Life #2 : III (Melt) [Peter Gabriel]


Pochette Recto

Pochette verso



1987, 16 ans, le lycée. Je discute encore et toujours musique avec mon pote Christophe G. (s'il passe par ici en lisant ces lignes, il se reconnaîtra et je le salue.)

Il me dit qu'il adore Peter Gabriel. Oh, moi aussi... enfin, j'ai l'album "SO", et comme autre chanson de lui je ne connais que "Solsbury Hill" qui est une merveille. Oui, c'est vrai, a fait pas lourd. 

- "Ok.... demain je te porte un truc..." 

Il tint parole. Il me refile une K7 o je vois une des pochette des plus étranges que j'ai vues. Un visage semble tre devant une vitre avec des gouttes qui... non... en fait c'est SON visage qui coule, dégouline, fond.

Une pochette non pas faite en noir & blanc mais en cauchemar... 

Je reste la regarder, cette pochette, et pendant plusieurs minutes, pour essayer d'apprivoiser la peur qu'elle a engendre en moi, le malaise, accentué par cette chemise et ce décor derrière. (C'est quoi? il est o?). 

Je ne crois pas avoir revécu une sensation de ce genre. Beaucoup de pochette d'album m'ont plu, énormément... mais jamais m'ont dérangé de la sorte. 

Dérangé et attiré... 

Il fallait que je plonge... K7 dans walkman, écouteurs sur les oreilles, on ferme les yeux... 



Tout commence par ce rythme tribal, violent qui vient me frapper aux tempes. a dure 6 secondes. Jusqu'ici tout va bien.

Puis un bruit, un grincement (quelqu'un se lve d'un lit?) qui se rpte et met mal l'aise. Non, quelque chose qui se tort... qu'on tort... qu'on force. 


Et le piano-synthé, notes martelées, mélodie déchire, accords plaqués rageusement... 


Et des chœurs venus d'on ne sait où, déformés par les synthés, désincarnés...


Et une voix d'outre-tombe, encore avec une mélodie plus que déchirée car semble inexistante et fausse...


Et jusqu'au "pont" avec un xylophone. Bon sang, ce xylo, il a une vie propre? il intervient sans qu'on le lui demande ! 

Et tout ça, toutes ces notes "fausses" hors grilles, a forme la chanson la plus violente et extraterrestre que j'ai entendue jusqu'alors. Rien de connu quoi me raccrocher. 

La chanson finie, j'ai arrêté la machine. Ai pris une grande respiration, "Rewind" et me la suis repasse. 


[1. Intruder]

Et j'ai écouté l'album d'affilée cette fois ci. 

Même si le reste sonnait plus juste et rock, ça ne ressemblait rien de connu. A part le refrain de "I don't remember", tout me semblait étranger. Comme un explorateur qui dcouvre une terre inconnue, il ne comprend rien ce qu'il voit, mais il reste là pour comprendre.

Quelques jours aprés je lui ai rendu sa K7. 

- alors, a t'a plu? 
- euh ouais 

Non, ça ne m'avait pas plu dans le sens classique tu terme mais j'ai appréci découvrir cet OMNI (Objet Musical Non Identifié). Ces sons m'avaient intrigué, perturbé. C'tait trop nouveau d'un coup. Mais je comptais approfondir cette coute. J'avais fais une copie (eh ouais j'avais une chane double K7) et l'ai rcout pendant des jours, des mois, des annes. Jusqu' en connaitre les sons, les rythmes, et les aimer. 

Avec le temps j'ai pu avoir tous ses disques et je peux le remettre sa place : son 1er chef d'oeuvre. Aprés son excellent premier album ("Car") qui était encore fabriqué avec une criture trop proche des '70, il a cherché à créer des sons nouveaux, une musique nouvelle. Il avait essayé dans son deuxième album, surnommé "Scratch" (la pochette est déchirée par ses doigts) mais avait échoué : trop hésitante entre toujours une vielle écriture ("Mother Of Violence" semble être une face B des Carpenters et "Perspective" sonne comme un rock de Bowie époque "Ziggy") et des tentatives nouvelles avec l'aide de synthétiseurs, mais l'ensemble semble être des fonds de tiroirs de "Car", un peu maquillés. Seul "Exposureest sauvé.
Ce troisième album nous apparat comme extrêmement novateur et éminemment maîtrisé de bout en bout, tant au point de vue instrumental que vocal. Il a sans doute fait des voyages en Afrique pour imprégner autant de ses rythmes et retranscrire de la Musique, le Rythme.

Beaucoup de morceaux sont "distordus" par les mélodies, certains effets de voix passés à la moulinette de l'ordinateur et des synthés donnent des effets inouïs (dans l'introduction d'Intruder, que Tears For Fears piquera pour faire "The Hurting" ou dans les refrains de "No Self Control").



[2. No Self Control]

Apres un rapide et magnifique saxo instrumental ("Start") on enchaîne avec "I Don't Remember" et son refrain qui colle la peau et qui sent l'oppression.


[4. I Don't Remember]

"And Through The Wire" est le morceau peut-être le plus classique dans le sens où c'est un rock sans surprise dans sa conception mais les parties vocales sont métalliques, corches.

"Lead A Normal Life" est d'une pureté cristalline et arienne comme un rêve tout en douceur porté par quelques notes de piano.

Et évidement, l'universel "Biko" qui termine l'album.


[10. Biko]

Son 1er chef d'oeuvre, donc, et chaque album suivant sera meilleur que le précédent. le 4 ("Security") enfoncera le clou de l'Afrique et un on ne peut plus tribal "The Rhythm Of The Heat".  "So" est magnifique, "Us" est une perle, "Up" est un diamant.

Tout dans cet album est rythmique, sombre et puissant.

Un chef d'oeuvre, vous dis-je...

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