dimanche 3 novembre 2013

Musics Of My Life #1 - Spirit Of Eden [Talk Talk]


Pochette

Pochette verso

En 1989, ma copine de l'époque me dit : 
- "Tiens, toi qui aime Talk Talk, tu devrais écouter leur dernier album, ma sœur l'a acheté et elle aime bien".

J'ai connu ce groupe (comme tout le monde en ce temps) avec "Such a shame" (qui est sans doute LE titre des années 80) et j'avais l'album, ["It's My Life"], qui me plaisait beaucoup.

Puis ils ont fait "Colour of Spring" que je considérais comme le plus bel album des années 80 (avant que Tears For Fears ne sortent leur "Seeds of Love". Album sublime avec une composition d'une richesse vertigineuse).

Alors elle me le conseilla. Je l'écoutai... et failli le jeter par la fenêtre mais j'était trop occupé à vomir.

"C'est pas possible?? c'est quoi ce truc??!! c'est nul !!"

Je n'adhérai absolument pas à cette suite de sons, ce morceau qui dure 20 minutes sans réelle mélodie, sans véritable refrain, bruits éparpillés. La suite des titres ne relève pas du tout le niveau de mon impression : plat, tout le long c'est plat.
Seul point positif : la pochette. Elle est jolie, mais bon...
Pour tout dire : ennuyeux.

... [années qui passent]...

Je pars faire des études de musicologie, découvre la musique contemporaine, le jazz, le dodécaphonisme.... j'ouvre un peu mes esgourdes, quoi.
Je comprends que la musique peut-être faite d'une autre manière. Qu'elle existe sous une multitude de formes, et découvre l'importance du silence..

Puis je retombe (quelque chose comme 10 ans plus tard) sur ce même disque, chez un pote. Je suis frappé par ce qui m'avait, sans doute, échappé à l'époque (ou en tout cas je devais être trop choqué par l'Audio pour porter véritablement attention au Visuel et l'ai mis de coté) : le coté artistique de cette pochette. Le dessin est fait, tout comme les précédents, par James Marsh, et est sublime. Cet arbre qui semble flotter sur l'eau (océan infini? Début de l’apparition de la Terre après un raz de marée?) et portant sur ses branches des coquillages apporte à la fois quelque chose d'incongru et de poétique, comme une nouvelle voie dans notre imaginaire. Cette nouvelle voie, Talk Talk la trouve en créant des hybrides de sons et des chimères de chansons.
et je demande, par curiosité, à l'écouter (voulant le redécouvrir).

Et là, c'est une claque sonore que je me prends. Une longue introduction avec comme premier son une trompette. Une note. Venue de nulle part, ne semblant pas avoir de début et est rejointe par des cordes (violon, contrebasse). Ces instruments ne jouent qu'une note, longue, étirée, allant au bout de leur souffle jusqu'à ce qu'on entende une seconde note de trompette. Puis un piano. Aucune mélodie n’apparaît. Tout est constitué de phases successives d'apparitions d'une ou deux notes de chaque instrument. Le tout relié parfois par des ambiances bruitistes, des sons étranges, une atmosphère irréelle.
Puis à 2:15, apparaît une guitare qui parle (prononce plusieurs notes, certaines en même temps, on entend des accords) : le Temps est né.
Batterie...
Une lenteur pesante, ponctuée d'une batterie grasse et imposante. La voix de Mark Hollis est cristalline et fragile, aérienne.

Cette introduction étirée et sans forme me fait penser à la création du Monde, à partir du néant, tout apparaît en germe, pour se reconstituer en entité, et, tout comme la Nature est remplie de vide, la Musique de Talk Talk est remplie de silence.
Jamais il ne m'est apparut aussi important, pesant.
Existant.




1.1. The Rainbow

Après The Rainbow, et une autre partie instrumentale et atmosphérique, débute sans coupure, Eden, qui est encore un peu plus lent que la partie précédente. Un refrain comme une supplique "Everybody needs someone to live by..."



[1.2. Eden]

La troisième partie commence comme a commencé la deuxième, après un passage de brouillard sonore, avec 2 notes de guitare sur 1 seul accord, avec une voix seule accompagnée d'un nappe de synthé... et des timbales qui grondent dans le lointain. Et c'est alors que tout explose et qu'on comprend que ce qu'on prenait pour de la lenteur n'était en fait que de la retenue, un feu qui ne demandait qu'à prendre, une rage qui ne demandait qu'à naître.
Un flot de percussions et une guitare folle viennent séparer deux irruptions de refrains.


[1.3. Desire]


Les trois parties que forment ce premier morceau (ou les 3 premiers morceaux qui forment cette première partie) durent plus de 20 minutes et forment une oeuvre monumentale.

Pour le reste, soit 3 autres morceaux, on assiste à une disparition, une évaporation musicale, tout se disloque et tend à se structurer en moins en moins d'instruments. 
Il nous reste encore une superbe mélodie avec Inheritance qui finie en nous laissant comme en lévitation après ces derniers mots : "Heaven bless you", une phrase mélodique coupée en plein vol pour nous abandonner sans qu'on s'y attende.

[2. Inheritance]

Puis vient un morceau où il semble n'y avoir qu'un accord, ou pas du tout. Juste une guitare qui accompagne la voix, qui tourne autour d'une note. Puis lorsque apparaît le refrain, c'est une élévation subite, par les la mélodie, la musique, les chœurs... on touche au divin...

[3. I Believe In You]


Et un final moribond, agonisant, sur encore aucune mélodie identifiable.
[4. Wealth]

On est pas sérieux quand on a 18 ans, on ne connait pas grand chose et on passe à coté de chef-d'oeuvre.

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